"Quoi, tu n'es pas encore guéri ?"
As-tu déjà entendu cette phrase ? Quel malade chronique ne se l'est pas prise en pleine figure ?
Cette phrase sortie par des gens qui ne saisissent pas tellement la partie chronique de la maladie chronique, de plus, dite avec un soupir d'exaspération, comme si tu n'y mettais pas du tien...
Tu connais ce sentiment, n'est-ce pas ?
Ce sentiment d'être jugé sur tes progrès dans ta santé, sur ton emploi du temps, ta manière de vivre, "as-tu essayé telle ou telle méthode ? Non? Tu devrais.
Tu as la sensation que le temps s'étire, s'étire, et semble parfois jouer des tours quand tu es en proie à une maladie chronique. Le temps infini parfois lorsque l'on attend des années avant d'être correctement diagnostiqués. Dès lors que nous ne sommes plus dans les cas d'urgence médicale, et que les premiers examens ne sont guère probants, on nous laisse traîner pour voir les spécialistes. On devient des "patients".
C'est devenu notre job. On patiente... tant bien que mal.
On observe nos proches suivre le rythme effréné de la vie quotidienne, tandis que nous, nous prenons chaque jour comme il vient, avec ses hauts et ses bas. Je suis aussi passée par là, pendant 12 ans, dans le tourbillon d'une maladie invalidante.
La Notion du Temps
Le temps, il nous échappe parfois. Il peut sembler lent, élastique, presque rétif, chaque jour nous parait infini, surtout quand les douleurs s'en mêlent. Les aiguilles de l'horloge du salon semblent parfois arrêtées.
L'entourage, par amour, souci de nous et en même temps par incompréhension, peut nous lancer un : "C'est bon ? Tu vas mieux quand même ?". Mais nous savons que ça ne fonctionne pas ainsi. Chaque jour est une aventure en soi. Des jours radieux, des jours plus difficiles, des jours qui nous semblent insurmontables. Et c'est OK.
Il nous semble être dans un autre espace-temps.
Notre corps nous oblige à faire des pauses.
A s'arrêter plus souvent.
A prendre un rythme plus lent.
A planifier bien plus à l'avance.
A prendre plus de temps pour faire les choses.
Nous apprenons alors à créer notre propre rythme, notre propre danse avec le temps. Nous vivons parfois cependant une sorte de rapport amour-haine avec le temps qui passe et la frustration de ne pouvoir faire tout ce que nous désirons.
Voir le temps autrement
Pour ne plus le subir, je te propose une autre lecture du temps: Plutôt que de le considérer comme un adversaire, pourquoi ne pas faire du temps qui passe notre allié ?
Il nous offre l'opportunité de creuser en nous. Loin des distractions habituelles, nous faisons face à nous-même, à nos réactions lorsque nous sommes fatigués et un peu grognons, à nos frustrations qui nous indiquent paradoxalement le chemin de nos plus grandes joies, de ce qui compte le plus pour nous.
Il nous oblige à sortir du tourbillon de ce système du "le temps, c'est de l'argent".
Sans pouvoir "tuer le temps" de mille manières différentes, nous sommes invités à embrasser ce temps. D'en faire un allié. D'y trouver ce qui nous passionne vraiment.
Nous avons le temps d'être présents. Ce présent douloureux n'est peut-être pas facile à vivre alors nous pouvons déployer notre créativité pour que ce temps passé soit le plus agréable possible. A nous de trouver ce qui nous met en joie.
Nous avons du temps pour être attentifs à ce qui se passe autour de nous.
Pour échanger un mot, un sourire avec quelqu'un.
Nous pouvons miser sur les temps de qualité.
Sur ce qui compte vraiment
Sur ces petites choses qui embellissent notre quotidien.
Les temps de souffrance nous permettent aussi de comprendre profondément celle de l'autre.
Nous pouvons alors, à notre tour donner une oreille attentive, une compréhension appréciée.
Un ami me disait "Le temps qui passe peut également être espoir dans le fait d'être plus aguerris sur le contrôle de ses maux. Le temps aide à apprendre et aussi à comprendre... comprendre pour mieux gérer et appréhender".
Le processus du Kintsugi
Le kintsugi est une école de la patience et de la lenteur. Alors que l'envie est pressante de passer à l'étape dans laquelle on applique la poudre d'or, mais c'est un processus qui prend son temps, et une des étapes est l'attente.
Cette étape nous invite à prendre le temps, à se donner le temps. Aller au fond de soi-même requiert du temps et c'est tout à fait normal. Chaque instant passé à persévérer, à créer, à continuer d'avancer, est une victoire sur l'adversité.
Un pas à la fois
N'oublie jamais que chaque jour est une victoire en soi. Chaque petit pas vers l'avant exprime ta résilience, c'est une déclaration de force et de courage. Tu es une source d'inspiration pour ceux qui t'entourent, que tu le saches ou non.
Et toi ? Quel est ton rapport au temps et à la maladie chronique ? Partage-le en commentaire ou sur mon email: info@artkintsugi
J'ai envie de te transmettre le message, à travers mon art de la résilience, que ce n'est pas une course contre le temps ou la vie, mais un voyage.
Si tu veux plonger plus profondément dans le monde de l'Art de la résilience, rejoins ma newsletter. J'y partage mon propre parcours de résilience à travers mon art. C'est là que je dévoile les coulisses de mon processus artistique et personnel, les triomphes et les défis, pour que nous puissions grandir ensemble.
Je remercie particulièrement mon ami Réal qui m'a partagé ses réflexions sur ses propres maux et rapport au temps pour cet article. Il fait de magnifiques réparations Kintsugi et je t'invite à faire un tour sur son site internet. Un objet s'est brisé ? Il fera une très belle réparation Kintsugi pour redonner une seconde vie à cet objet cher à tes yeux !